Les Canala à l'exposition coloniale : Les Sources.

 

Lettre au ministre des colonies

28 juin 1931

Ils sont traités comme des esclaves et sont surveillés partout et toujours.

Exemple : Interdiction de dépasser de plus de vingt mètres leur habitation.

Ils ne peuvent mettre qu'un morceau d'étoffe appelé "manou" et marchent pieds nus, ils dansent quatre à cinq fois par jour et la durée de chaque dans est de trente minutes, sans aucune journée de repos, même les jours pluvieux.

 

HAMBOURG LE 28 JUIN 1931 LE MINISTRE DES COLONIES A PARIS
MONSIEUR LE MINISTRE
Nous avons l’honneur de vous faire connaître les nouvelles de notre désolante situation ici à Hambourg .Nous avons premièrement vous informer la cause de notre venu en France.
MR POURROY est chargé d’aller en Calédonie demander des volontaires pour assister à l’Exposition coloniale de PARIS , pour une durée sept mois c’est à dire jusqu’au mois d’AOUT avant l’automne et après nous nous retrounerons. C’est pour cela que nous sommes intéressés et venus comme volontaires à profiter pour voir et visiter la France et d’en apporter au retour à notre pays quelques beaux souvenirs de ce nous aurons vu à l’Exposition.
Mais en arrivant à Paris au mois d’Avril cette société dont monsieur Pourroy est un des membres a changé de paroles et nous a dit que monsieur GUYON , gouverneur de Calédonie , a signé avec lui un contrat de deux ans en France , et ce n’est plus les sept mois qu’il nous a promis en calédonie .Et maintenant par leur ordre , deux groupes se détachent de celui qui reste a Paris , pour venir jusqu’ici en Allemagne , pays très étranger et très inconnu pour nous.
Monsieur le ministre , nous nous désolons complètement et nous ne voulons plus resté très longtemps ici , notre seul désir c’est de retourner par votre ordre à l’exposition et revoir la chère France , où la vie est plus facile qu’ici , et après l’exposition au mois de septembre nous retournerons à notre petite calédonie avec quelque beaux souvenirs de la mère patrie et raconter avec joie à notre famille .
Pour nous ce n’est pas intéressant de raconter les beautés et les faits des pays étrangers plus que notre France .Ici à Hambourg , loin de la vue des protégeants français , nous sommes traités violemment comme des esclaves et surveillés partout et toujours , nous sommes toujours retenus et nous interdit de dépasser pas plus de vingt mètres de notre habitation il y a de deux mois que ça dure .La société nous défend de sortir et de rester à la vue du public sans aucun habit civil .Nous mettons simplement un morceau d’étoffe appelée : manou d’un tricot et marchant pied nus , nous dansons quatre à cinq fois par jour et la durée de chaque danse est de trente minutes sans aucune journée de repos même les jour pluvieux et l’intervalle des heures de danse nous ne perdons pas une minute , nous nous empressons aàd’autres travaux manuels à creusér quatre énormes troncs d’arbre pour faire des pirogues sans compter d’autres petits objets que le directeur ordonne à faire personnellement et tout est mis en vente pour la société et nous n’obtenant aucune part pour les prix .Malgré tout cela elle ne trouve pas encore satisfaite pour notre dévouement , est l’obéissance que nous avons toujours à son égard .Monsieur le ministre nous attendons impatiemment votre ordre pour nous rendre la joie et le bonheur de retourner aussitôt et sans retard à Paris pour l’exposition .

Veuillez agréer monsieur le ministre l’assurance de nos salutations respectueuses.
Signée :
Groupe canaques de la Calédonie
A Hambourg
(Allemagne)

 

 

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